Shiatsu en Mongolie : juste pour la fraternité

COUNTRY

Mongolia

z

LANGUAGE

Francais

HEAD OF MISSION

Lionel BITAN

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+33 (0)6 76 73 04 49

Objectif

– Aider les populations nomades

Shiatsu en Mongolie

Lionel BITAN est un enseignant de Shiatsu de la région parisienne. Grand voyageur aux quatre coins du globe, il emporte partout avec lui son Shiatsu comme moyen d’échange avec les gens. Thaïlande, Inde (ajouter les autres pays), partout ses mains se mettent en action, d’autant plus que ses yeux se sont éteints progressivement. Mais c’est en Mongolie que son expérience avec les nomades des steppes va prendre des proportions auxquelles il ne s’attendait pas.

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Ivan BEL : Bonjour Lionel, peux-tu me raconter comment cette aventure en Mongolie a commencé ?

Lionel BITAN : En 2017 un ami m’avait proposé d’aller faire un stage en Mongolie : une retraite littéraire. L’idée était de voyager et rencontrer des gens tout en écrivant chaque jour sur un thème. J’ai trouvé l’idée sympa parce que j’aime voyager, mais moi je lui ai dit que je préférais faire du Shiatsu. Si cela ne l’ennuyait pas, je voudrais essayer avec les nomades que nous croiserions. Finalement, nous sommes partis en 2018 et après un long voyage, nous voilà à Oulan-Bator. On embarque dans une camionnette qui datait de l’ère soviétique avec un guide. On a vite fait de se perdre dans un pays qui fait 2,5 fois la France et seulement 3 millions d’habitants, dont la moitié à la capitale. Autant dire que l’idée qu’on a de vastes étendues inhabitées, ce n’est pas un fantasme. Ça existe vraiment !

On roulait des centaines de kilomètres, car entre deux yourtes il peut y avoir facilement 200 Km. Les familles nomades vivent complètement en autarcie avec leurs bêtes. C’est impressionnant. Une fois installé avec une famille, la journée on marchait longuement pendant des heures et on rentrait fourbu le soir. Un de membres de notre groupe, me demanda un petit Shiatsu en rentrant après la marche, ce que je fis avec plaisir. Le guide profita de l’occasion pour en demander un aussi. Comme c’était un local, la famille a observé avec attention. Il faut dire que l’on ne peut pas s’isoler dans une yourte. Tout se fait tout le temps devant tout le monde.

Une dame mongole de 35-40 ans m’a demandé en anglais « are you doctor » ? Alors moi et l’anglais on est fâché. Je voulais expliquer que non, je n’étais pas docteur, mais ne trouvant pas les mots j’ai dit que « yes, I’m doctor ». Et me voilà parti pour une autre séance.

Comme quoi on n’a pas vraiment besoin des mots lorsqu’on connaît le Shiatsu. Est-ce que cela leur a plu aux nomades tes séances ?

Tous les deux jours, on changeait de lieu, on roulait quelques centaines de kilomètres à travers la steppe pour arriver dans une nouvelle famille. Mais très vite les nomades ont commencé à se téléphoner pour annoncer l’arrivée d’un mystérieux « doctor » et à l’arrivée il y avait une troupe de personnes qui voulaient un Shiatsu. Toute la famille d’accueil voulait recevoir du Shiatsu, et parfois les voisins aussi. Alors une yourte ce n’est pas très grand. Il y a les meubles et les lits tout en rond contre la toile et au centre le poêle, indispensable pour survivre au froid. Il fallait que je me débrouille pour installer les gens entre le poêle et le lit, par terre sur un tapis. On est un peu tassé, mais c’était formidable.

Tu as dû rencontrer de sacrés personnages, parce que ces gens-là sont face à une nature rude, voire hostile.

Les nomades vivent complètement en autonomie. Ce qui veut dire qu’ils ne se relâchent presque jamais, car il y a toujours à faire avec les animaux, la nourriture, le feu, baratter le lait pour faire du fromage, etc. Les accidents ne sont pas rares et un bout de bois, un morceau d’étoffe et cela fait une attelle. Pas d’autre solution quand il n’y a pas de médecin autour de soi, on se débrouille. Je me souviens d’un vieil homme qui arrivait de loin sur son cheval. Il avait dû chevaucher longtemps pour venir et ne sentait vraiment pas très bon. Il faut dire que les gens se lavent dans les rivières et quand celles-ci sont trop froides, hé bien… ils ne se lavent pas tout simplement. Cet homme devait être le patriarche du coin, tout en muscles. Mais en le touchant, j’ai vu qu’il avait l’épaule droite 15 cm plus bas que la gauche. Il vivait comme ça, sans jamais s’être fait remettre en place, avec la douleur ou les jeux de tensions que ça implique. Je me suis occupé de lui et je l’ai senti se laisser aller petit à petit. C’était peut-être la première fois depuis des années qu’il s’abandonnait, permettant à son corps de se décontracter et de récupérer. Bon, je n’ai pas remis l’épaule en place, c’était trop ancien, mais au moins il a pu se relâcher et se retrouver. Des personnages hauts en couleur comme ça, j’en ai croisé plein, car chaque nomade porte sa vie sur son corps, avec les blessures, les accidents. À partir de 40 ans, ils sont cassés de partout.

Tu es resté trois semaines en Mongolie à vivre de yourte en yourte. Finalement, ce voyage a été une révélation pour toi.

C’est ça que j’aime dans le Shiatsu. Le langage des mains remplace celui des mots. Déjà que je ne parle pas l’anglais, alors le mongol encore moins. Mais avec les gestes, la technique et le cœur, j’ai pu m’approcher au plus près des nomades. Ces moments partagés nous amènent à l’essence même de ce qu’est une rencontre entre deux humains. C’est l’être qui parle, pas l’intellect. J’ai adoré faire ça, voir ces hommes et ces femmes venir à dos de cheval pour recevoir une séance, soulager leurs douleurs le temps d’un instant d’éternité. Aujourd’hui encore j’ai ces têtes, ces corps qui m’habitent. Ce fut vraiment une expérience profonde, inoubliable. Le Shiatsu peut vraiment se donner en partage avec tout le monde.

Merci beaucoup pour ce témoignage Lionel. N’hésite pas à revenir nous parler de ta prochaine aventure.

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